SupBiotech Biotechnologies blanches : des procédés qui bousculent l’industrie ?

Biotechnologies blanches : des procédés qui bousculent l’industrie ?

Le 11 avril, Sup’Biotech organisait une conférence débat consacrée aux biotechnologies blanches à l’ESME Sudria Paris-Montparnasse. Autour de la journaliste Anne Pezet, six experts et entrepreneurs européens, spécialistes de ce secteur des biotechnologies appliquées à l’industrie, ont échangé sur la mise en application effective de cette technologie dans l’industrie aujourd’hui et sur ses perspectives de développement.

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Des sites pilotes

Wim Soetaert, responsable du Centre d’expertise pour les biotechnologies et biocatalyses industrielles de l’Université de Gand est le porteur du projet Biobase Europe Pilot Plant : une plateforme d’innovation ouverte sur les produits à base de vivant. Cette entité permet aux petites structures d’expérimenter leurs découvertes à une plus grande échelle en leur évitant une prise de risques trop importante. Cette usine pilote propose une chaîne d’innovation complète bioraffinerie, biotechnologie industrielle et chimie verte. Ce « one stop shop », rassemblant plusieurs procédés en un même lieu, présente la particularité de réunir tous les acteurs – chercheurs, ingénieurs en biotechnologies, industriels, financiers… -, facilitant de fait les interactions et accélérant le processus d’innovation. Car l’innovation faite de manière isolée est beaucoup plus lente et surtout jusqu’à dix fois plus coûteuse que lorsque les moyens sont mutualisés.

Jean-Marie Chauvet a ensuite présenté la Bioraffinerie Recherches et Innovations (BRI) du groupe ARD, dont il est le responsable. Plateforme d’innovation, la BRI regroupe industriels, chercheurs et écoles supérieures, soit tous les acteurs nécessaires au développement de procédés de fractionnement végétal, de la phase initiale de recherche jusqu’au pré-prototype industriel. La structure bénéficie du soutien du ministère du redressement productif en tant que Pôle de compétitivité. Car l’innovation dans le secteur en France, fait face à de nombreux freins : blocage des mentalités sur le travail autour du vivant, démesure du principe de précaution européen, lenteur de l’innovation.

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Une industrie en plein essor

Wim Michiels, CEO de Proviron, fait partie de ces entrepreneurs qui ont effectué la transition de la pétrochimie à la biochimie. Il a présenté les possibilités énormes qu’offrent les biotechnologies blanches : processus de plastification grâce à des additifs polymères (utilisables dans les emballages, le cuir, les jouets, les consommables, l’industrie automobile…), création de solvants et d’additifs alimentaires plus propres, bioénergie… Le potentiel de la biochimie est énorme.

Jan Van Havenbergh va dans ce sens, en présentant l’exemple du port d’Anvers, deuxième port mondial de chimie, qui lui aussi commence à opérer un virage grâce aux biotechnologies. Manager director de l’intiative Flanders innovation hub for sustainable chemistry (FISCH), il met en application sur place ce qu’il appelle les « biotechnologies grises » : un mélange entre biotechnologies blanches et chimie traditionnelle, afin que les grands industriels de la région puissent en même temps s’adapter et ne pas amorcer un tournant trop brutal. En proposant des alternatives biologiques et en stimulant l’innovation encore trop fragmentée dans le secteur, il espère faire du bassin d’Anvers un site de biotechnologies blanches d’envergure mondiale.

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Des technologies d’avenir

Marc Delcourt, CEO de Global Bioenergies insiste sur le fait que la bioindustrie a longtemps été délaissée au profit de la chimie basée sur le pétrole. L’explosion du prix du baril de brut au début des années 2000 a réveillé l’intérêt des industriels pour l’usage des biotechnologies, notamment dans le domaine énergétique. Fondée en 2008, Global Bioenergies produit de l’isobutène à partir de ressources renouvelables, selon un processus biologique. A partir de cet hydrocarbure, l’industrie peut continuer à développer carburants et matières plastiques de manière écologique et moins pesante sur l’environnement.

En conclusion, David Sourdive, CEO d’Ectycell et cofondateur de Cellectis, a reprécisé en quoi le tournant des biotechnologies allait amener à un changement de paradigme dans le champ industriel. La deuxième révolution industrielle a imposé la chimie comme l’élément principal des processus industriels de la fin du XIXe siècle jusque dans les Trente Glorieuses (1945-1973). Mais avec le décodage du génome humain, puis le développement des organismes génétiquement modifiés, alors même que les ressources fossiles s’épuisent, les biotechnologies semblent s’imposer progressivement comme une alternative efficace à l’industrie chimique. Bien que des blocages légaux, politiques et moraux subsistent (Comment doit s’opérer l’ingénierie du génome ? Peut-on breveter du vivant ?), la stabilité du gène comme support de stockage et la baisse drastique de son coût semblent indiquer une évolution vers une industrie basée sur le vivant.

Les échanges se sont ensuite poursuivis lors d’une séance de networking pendant laquelle le public a longuement échangé avec les intervenants sur les différents points discutés.

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