
Pôle des Biotechnologies en Société
Equipe de recherche en Sciences Humaines et Sociales, localisée à SupBiotech (Campus de Villejuif)
Qu’ont en commun les plantes transgéniques, mutagéniques, les animaux augmentés, clonés, les chimères, les bactéries et virus modifiés, les cellules souches à la pluripotence induite (iPS), ou encore les organoïdes ? Rien, si ce n’est que toutes ces entités ont été fabriquées ou modifiées par des biotechnologies. Elles soulèvent des enjeux considérables sur les plans technique et scientifique, mais aussi économique, juridique, éthique, politique et sociaux, dès lors qu’elles font évoluer nos manières de vivre, par exemple avec le développement d’une médecine personnalisée ou le déploiement de techniques de biocontrôle en agriculture.
Les recherches menées par les enseignant.es-chercheur.es du PBS questionnent l’existence de ces entités en analysant non seulement leur circulation dans de multiples espaces (par exemple, des patients aux laboratoires de recherche, ou de plateformes technologiques aux entreprises) et à diverses échelles, mais aussi au regard de la multiplicité des usages auxquels ces entités donnent lieu.
Ces questions sont travaillées lors d’enquêtes de terrain (Cf. encart n°1) qui visent à documenter les pratiques relatives à la qualification de ces entités, au cadrage de leurs usages et à la nature du collectif que nous composons avec elles.
Les recherches du PBS contribuent ainsi à décliner les objectifs de formation d’ingénieur.es responsables de SupBiotech en éclairant les enjeux et pratiques liés au déploiement des biotechnologies en société et en partageant ces connaissances tout le long de la formation de nos futur.es ingénieur.es, sensibilisé.es aux résonnances sociales, environnementales et éthiques, des innovations biotechnologiques.
Axes de recherche
Les biotechnologies dans le domaine biomédical
Le développement des biotechnologies biomédicales redéfinit les pratiques de soin et de recherche : médecine de précision, médecine régénératrice, thérapie génique, en sont quelques exemples. Ces innovations soulèvent de nombreuses interrogations — sociales, économiques, politiques, éthiques, juridiques — liées à la mise en banque du vivant, à ses transformations, à la protection des données de santé ou aux modifications du génome, par exemple.
Nous analysons les processus de qualification, d’appropriation et de régulation des entités issues de ces biotechnologies. Ces questionnements s’incarnent dans les projets de recherche en cours au PBS, que ce soit au sujet d’organoïdes (Cf. encart N°2), de gamétogenèse in vitro, ou des usages du lait maternel humain, menés dans une perspective interdisciplinaire (sociologie, anthropologie, philosophie).
Les biotechnologies dans le domaine environnemental
Les approches de biocontrôle, les nouvelles techniques d’édition des génomes (NBPT), et plus largement les innovations pour une agriculture durable sont confrontées à la prise en compte des enjeux écologiques actuels. La place qu’y occupent les biotechnologies dessine les contours de ce second axe de recherche. Il s’agit ici de comprendre en quoi ces technologies redéfinissent les relations entre humains et non-humains, les rapports à l’environnement, et d’examiner les questions biopolitiques qui se forment autour des entités concernées (agents de biocontrôle, filières économiques, collectifs émergents, modèles agricoles…). Le PBS y contribue par des enquêtes de terrain qui portent sur les processus d’innovation dans le domaine agricole et environnemental, sur les évolutions des relations entre entités biologiques (plantes, virus, bactéries…) et humains (scientifiques, agriculteurs, consommateurs…) et sur les nouvelles manières de vivre ensemble qui en résultent (Cf. encart N°3).
Qu’est-ce qu’une enquête de terrain en sciences humaines et sociales ?
Afin d’explorer les pratiques qui s’appuient sur des entités innovantes comme les structures de cellules souches ou les microorganismes utilisés en agriculture et les enjeux qu’elles soulèvent, pour apprécier leurs évolutions, le PBS mène des enquêtes de terrain. Ces enquêtes s’appuient sur des données dites empiriques. C’est à dire qu’elles sont recueillies en divers lieux (les terrains) à l’aide de plusieurs méthodes : des observations situées dans des équipes de recherches en biologie, dans des équipes médicales, des champs cultivés, ou dans des plateformes technologiques, des entretiens menés avec les personnes qui y sont investies (chercheur.es, ingénieur.es, professionnel. Les de la santé, agriculteurs et agricultrices, usagers et usagères…), complétés par le recueil de documents écrits. L’ensemble des matériaux empiriques recueillis permet de documenter et analyser ce que sont les biotechnologies en société : les innovations qu’elles permettent, les usages auxquelles elles donnent lieu, leurs enjeux sociaux, éthiques, politiques, et les rapports au vivant qu’elles instituent.
Circulation du lait humain et communautés bio-sociales
Porté par Dr Cécile Vermot, cet axe s’intéresse à la circulation du lait humain et à la manière dont les dispositifs socio-techniques contemporains — extraction, conservation, transformation (liquide, solide, poudre) et mise en relation via les réseaux sociaux — redéfinissent les pratiques et les valeurs associées au lait maternel.
Le projet analyse à la fois les circulations non commerciales (groupes d’échanges, communautés virtuelles, usages alternatifs du lait dans la cuisine, la cosmétique ou l’artisanat) et les circulations commerciales, incluant la vente entre particuliers ou par des entreprises de biotechnologie.
L’étude explore également la formation de « bio-communautés » numériques, dans lesquelles les corps, les technologies et les économies se recomposent à travers de nouveaux modes de partage du vivant.
Projet de recherche « Les organoïdes en action : Approche interdisciplinaire en sciences sociales » (acronyme ORGANACT)


Les organoïdes sont des structures tissulaires tridimensionnelles qui ressemblent à des organes (de cerveau, de foie etc.) et qui s’autoorganisent in vitro. Ils ont connu un développement spectaculaire ces dix dernières années, avec la mise au point de techniques facilitant leur fabrication à partir de cellules souches humaines et animales. Le projet Organact est financé par l’ANR et coordonné par F. Milanovic (pour en savoir plus : https://organact.fr/). Ce projet s’intéresse aux organoïdes humains et aux enjeux qu’ils soulèvent dans leurs utilisations, en mobilisant une approche interdisciplinaire qui combine sociologie, anthropologie, éthique et droit. Un premier objectif est d’explorer les pratiques biomédicales (soin et recherche) qui s’appuient sur des organoïdes. Notre second objectif vise à comprendre l’impact des organoïdes sur ces pratiques et en quoi ils les font évoluer.
Projet de recherche « La Phagothérapie en maraîchage et arboriculture : Validation Scientifique et pertinence Sociétale (Acronyme PHAG-2S)



PHAG-2S est un projet interdisciplinaire qui associe les sciences de la vie et les sciences sociales. Il est financé par le ministère de l’agriculture (via FranceAgrimer et le CASDAR). Son objectif est double. Sur le plan biologique, il vise à explorer la phagothérapie (utilisation de bactériophages en lutte biologique) comme nouvelle stratégie de lutte contre les bactérioses végétales dans l’agriculture. Le second objectif, à l’échelle sociétale, consiste à documenter et comprendre l’émergence et le développement de la communauté d’acteurs (agriculteurs, chercheurs-ingénieurs, distributeurs, consommateurs, etc.) en phagothérapie au sein de laquelle se développe cette stratégie de biocontrôle. L’apport des sciences sociales à ce projet consiste à appréhender comme un « processus d’innovation » la mise au point d’une stratégie de lutte contre les bactéries pathogènes à l’aide de virus. L’enquête de terrain porte sur ce processus d’innovation saisi conjointement avec la constitution de la communauté d’acteurs qu’il mobilise. L’objectif est de rendre compte de l’engagement des phages et des acteurs impliqués, en étant sensible au type d’innovation en jeu (notamment son degré d’ouverture aux “usagers”) et aux évolutions (sociales, économiques, juridiques) au sein desquelles ce processus se déploie.
Chercheurs du PBS
Fabien MILANOVIC

Après avoir soutenu sa thèse dans le domaine de la sociologie des sciences et des techniques à l’université Paris 5-Sorbonne, Fabien Milanovic a été impliqué en tant que chercheur dans une équipe de recherche de l’Inserm, sur le site de l’Ecole de médecine de Toulouse.
Il y a étudié les ressources biologiques (collections d’ADN, de tumeurs cancéreuses, de cellules souches…) et leurs utilisations, dans le domaine de la recherche biomédicale et des soins. Il s’est intéressé ensuite aux ressources génétiques végétales et animales, sur le plan de leurs usages en lien avec la biodiversité. Enseignant chercheur, il est responsable du département des sciences humaines, économiques et sociales et responsable du PBS. Il coordonne actuellement le projet Organact évoqué ci-dessus, et est en charge du volet sociologique du projet PHAG-2S coordonné par Franck Bertolla (MCF au laboratoire d’écologie microbienne de l’université Claude Bernard de Lyon). Plus largement investi dans la thématique des biotechnologies et de leurs mobilisations dans l’exploitation des ressources biologiques (humaines, végétales, animales), il est membre du conseil scientifique d’AgroParisTech, du GDR Organoïdes et de l’équipe « Anthropologie de la vie » du Laboratoire d’Anthropologie Sociale (LAS, UMR 7130, Collège de France, EHESS, CNRS).
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Cécile VERMOT

Cécile Vermot est enseignante-chercheuse en sociologie. Après avoir soutenu sa thèse, elle a développé des recherches en lien avec la santé, les émotions et le genre. Depuis 2019, en tant qu’enseignante-chercheuse au sein du PBS, elle s’intéresse à l’usage des biotechnologies dans les pratiques de mobilité, en prenant en compte le genre et les émotions. En tant que membre de l’Institut Convergence Migration, elle a initié un atelier exploratoire sur les mobilités biotechnologiques, le corps et les marchés. Elle participe également aux deux projets du PBS indiqués ci-dessus (ANR ORGANACT et PHAG-2S). En parallèle, elle développe actuellement un projet de recherche sur la circulation du lait maternel humain. Elle a été élue au conseil d’administration du RN11 « Sociologie des émotions » de l’European Sociological Association, au conseil d’administration du WG08 « Emotions and society » de l’International Sociological Association. Elle est également membre du groupe de travail GT07 « Emotions et société » de l’Association internationale des sociologues de langue française.
Publications du PBS (sélection)
Articles (revues avec comité de lecture)
Vermot C, 2020, « L’Argentine entre désamour et nostalgie chez les migrants argentins à Miami et Barcelone », Sociétés. Revue des Sciences Humaines et Sociales, numéro spécial : L’amour comme scandale, Coord. Adrian Scribano, Vol 148 (2), publication en cours.
Milanovic F., Merleau-Ponty N. & Pitrou P., 2018, Biobanks and the reconfiguration of the living, New Genetics and Society, 37:4, 285-295, DOI: 10.1080/14636778.2018.1548686
Milanovic F., Lefèvre F., 2018, “Biobanking in forestry practices: towards an agency policy?”, New Genetics & Society, in the special issue “Biobanks and the reconfiguration of the living” (co-edited by Milanovic F., Merleau-Ponty N., Pitrou P.), 37(4): 411-434. DOI: 10.1080/14636778.2018.1548270
Milanovic F., 2018, « Protéger des espaces naturels. Régimes pragmatiques de gestion et rapports au vivant », Revue d’Anthropologie des Connaissances, 12 (1) :57-80. DOI : 10.3917/rac.038.0057. URL :
Milanovic F., Merleau-Ponty N., Pitrou P., 2017, « Biobanques: quelles reconfigurations pour le vivant? Approches interdisciplinaires et comparatives », Nature Sciences Sociétés, 4 (Compte-rendu du colloque de mai 2016 publié dans la rubrique ‘Vie de la recherche’), Vol. 25 (3) : 268-275.
Proux V., Milanovic F., 2017, « Valeur de la formation et formation aux valeurs éthiques dans le domaine des biotechnologies industrielles » Annales des mines – Réalités Industrielles, Février, p. 76-79.
Chapitres dans des ouvrages collectifs
Vermot, C., Milanovic F., 2022, Pandemic Covid-19 and controversy in France, Emotions and society in difficult times, Cambridge Scholars Publishing, .
Milanovic F., 2022, “Ce que les biobanques font au vivant. Et réciproquement. Le cas des tumorothèques en France “ in E. Clarizio et al. Conserver le vivant. Les biobanques face au défi de la médecine personnalisée, édition matériologiques, pp.209-234.
Vermot, C. 2020, La regulación del cuerpo/emoción y la vulnerabilidad de los facilitadores de prevención VIH-ITS en Francia, Vulnerabilidad, pobreza y políticas sociales: abanico de sentidos América Latina, Europa y China. Angélica De Sena (compiladora), LOM Ediciones , Santiago de Chile (en cours d’acceptation)
Vermot C. and Gugolati M. 2019, Parody, satire and the rise of populism under postcolonial criticism: A French and an Italian case, IN Populism and Postcolonialism, Coord, Scribano A., Korstanje M., Timmerman F., Routledge
Milanovic F., 2019, « Des O.V.N.I sur terre ? Discernement et procédure au sein de l’ingénierie biotechnologique », in Actes du Colloque Ingenium « Discernement et Procédure », 2 décembre 2017, CNAM-Paris, travail d’édition en cours.
Milanovic F., 2018, « Socialiser le vivant tumoral. Episode 1 : De la mise en banque des tumeurs à leurs variations ontologiques », in Xavier Bioy (s/s la dir.), La régulation publique des centres de ressources biologiques. Le cas des tumorothèques, Bordeaux : LEH édition, pp.101-115.
Milanovic F., 2018, « Socialiser le vivant tumoral. Episode 2 : Des modes d’existence des collections d’échantillons biologiques », in Xavier Bioy (s/s la dir.), La régulation publique des centres de ressources biologiques. Le cas des tumorothèques, Bordeaux : LEH édition, pp.117-130.
Milanovic F., 2018, “Socializing Tumors. From the conservation of tumors in banks to their ontological variations”, in Xavier Bioy (editor), Public regulation of tumor banks, London: Springer, pp.73-84.
Milanovic F., 2015, « Utilitarisme et rapports à la nature: la fin d’une démesure ? Sur les modes d’existence et l’agentivité du vivant », Actes du 2ème congrès international de l’AFEA sur la « démesure », 30 juin-3 juillet, Toulouse.
Membres actuels
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Fabien MILANOVIC
Responsable du laboratoire et Enseignant-Chercheur
EN SAVOIR PLUS : Fabien MILANOVIC
Actualités
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June 12th 2024 : Masterclass on Drug Screening
A SupBiotech MasterClass organized for the Biotech 4 students “Advanced Techniques for Drug Discovery:From Screening Strategies to Preclinical Animal Models” PROGRAM All students in Biotech 4 are pre-registered This MasterClass is open to all, if you would like to come, please write to the organizers : frank.yates(a)supbiotech.fr
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Éthique et organoides
Le GDR organoide organise dans le cadre de ses webinaires une présentation dédiée aux questions éthiques et sociétales liées aux organoides. Ce Webinaire aura lieu le 30 juin 2023 (13h-14h) Pour ce Webinar seront accueillis : Dr. Fabien MILANOVIC (sociologue, SupBiotech-LAS) Dr. Baptiste MOUTAUD (anthropologue, LESC CNRS) Adrien BOTTACCI (juriste, doctorant AMU ADES/DICE) qui présenteront…
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Colloque de la recherche à SupBiotech : l’Humain de Demain
Comment sera façonné l’humain de demain ? C’est la question au cœur du colloque de la recherche qui s’est tenu à SupBiotech, l’école des ingénieurs en biotechnologies, le 31 mai 2023. Des présentations de posters scientifiques mettant en avant les travaux de recherche menés par les laboratoires de SupBiotech, accompagnés de pitchs, ont animé l’ensemble…
Les anciens du labo
VICTORIA JOUANNOU
Etudiante SupBiotech promo 2017
Pendant plus de 6 mois , Victoria a accompli une mission d’assistante de recherche pour le PBS, et a contribué à l’organisation d’un séminaire sur les enjeux de la fécondation in vitro.
Nos autres laboratoires

Laboratoire CellTechs

Laboratoire Bio-Information Research Laboratory (BIRL)

Laboratoire de Recherche Partenariale en Ingéniérie Agroalimentaire (LRPIA)

