Colloque de la recherche à SupBiotech : l’Humain de Demain

Comment sera façonné l’humain de demain ? C’est la question au cœur du colloque de la recherche qui s’est tenu à SupBiotech, l’école des ingénieurs en biotechnologies, le 31 mai 2023.

Des présentations de posters scientifiques mettant en avant les travaux de recherche menés par les laboratoires de SupBiotech, accompagnés de pitchs, ont animé l’ensemble de l’évènement.

Voici les thématiques des posters préparés par les élèves en bachelor:

  • Le poireau : l’alternative naturelle aux pesticides
  • La fermentation, une biotechnologie ancestrale pouvant sauver la terre
  • Les iPSC : une nouvelle ère pour la médecine régénérative
  • Les organoïdes : petits organes, grande technologie
  • L’effet Warburg : facteur central de la progression du cancer
  • Le microscope LightSheet : une révolution scientifique
  • La transformation du moût en vin, entre respiration et fermentation
  • Les bio-banques

Plusieurs prix ont été décernés aux étudiants tels que le prix du meilleur poster remporté par l’équipe de l’effet Warburg et le prix du meilleur pitch remporté par le groupe travaillant sur les bio-banques.


Le colloque de la recherche a été officiellement ouvert par Dr Proux, directrice de SupBiotech, suivie par la présentation des intervenants par Dr Grimaud.

Grand témoin de l’événement, le Pr. Guillaume Lecointre, Professeur au Museum National d’Histoire Naturelle, zoologiste et conseiller scientifique du président du Museum, a rappelé que lorsque nous parlons d’évolution et d’humanité, il est nécessaire de se positionner à l’échelle planétaire, et non nationale. En effet, la pression de sélection principale qui s’applique à l’humain à l’échelle planétaire est liée aux infections parasitaires. Ainsi, régler les difficultés liées à la répartition inégalitaire des ressources entre les pays constitue une première approche pour lutter contre le développement de parasites dans certaines régions du monde.

Par ailleurs, l’humain est capable de se sélectionner lui-même du fait de ses pratiques. Par exemple, l’homme adulte était à l’origine incapable de digérer le lait car il ne possédait pas de lactase, l’enzyme nécessaire, éteinte au moment du sevrage. Les populations humaines ancestrales ont procédé au mélange du lait maternel avec du lait de cheptel ce qui a permis la conservation de la lactase chez l’adulte d’aujourd’hui, illustrant le processus d’auto-sélection.

L’évolution humaine est en partie culturelle mais aujourd’hui de nouvelles pressions de sélection, dues aux activités humaines, se manifestent, notamment avec les perturbateurs endocriniens et les microparticules. Ces problèmes de santé publique sont la conséquence de nos pratiques économiques et industrielles abrasives. L’évolution de demain devra donc également être politique et économique.

Lors de la deuxième partie du colloque, menée sous la forme d’une table ronde, se sont joints à Dr Julien Grimaud et au Pr. Guillaume Lecointre ; Dr Pierre-Antoine Vigneron (enseignant-chercheur au Laboratoire CellTechs), Dr Fabien Milanovic (enseignant-chercheur et responsable du Pôle des Biotechnologies en Société), Dr Patrick Gonzalez (enseignant-chercheur au Laboratoire de Recherche Partenariale en Ingénierie Agroalimentaire) et Elie Altman (alumni de SupBiotech).

La table ronde s’articulait autour des thématiques de l’alimentation de l’humain de demain. Les hommes réussissent à produire suffisamment de nourriture mais la problématique semble être ailleurs : comment produire notre alimentation en préservant notre planète ? A cette question sur l’environnement, vient s’ajouter l’importance de questionner la surconsommation de certaines populations et de redéfinir une qualité de vie minimale.

Plusieurs personnes présentes ont également appuyé le fait que le problème était essentiellement politique. En effet, le modèle agricole est à revoir mais un engagement politique est nécessaire pour y parvenir. La taxation de produits ultra transformés ou la réduction des taxes sur les produits issus de l’agriculture biologique ont été les décisions politiques évoquées pour mener à cette voie.

Le débat s’est ensuite axé sur l’aspect technologique et la façon de considérer le problème. L’exemple des biocarburants illustre parfaitement ce point. Si nous souhaitions actuellement tous rouler grâce aux biocarburants, il serait nécessaire de dédier 100% des terres à sa production. En revanche, en réduisant nos besoins en carburants il sera possible de rouler à 100% avec ces biocarburants. Ainsi, nos modes de vie nous exposent à certains problèmes et contribuent à créer nos propres pressions de sélection.

Pour résumer ce colloque, nous devons avoir en tête que l’humain de demain sera soumis à une « sélection naturelle » qu’il s’impose à lui-même et devra faire face aux défis énoncés lors de la table ronde. Il est donc de notre devoir de les relever, dans notre vie professionnelle et personnelle.

Restitution du colloque écrite par Caroline Martin et Léa Tantet