iGEM IONIS : une décennie d’innovation et de projets

C’est un pari qu’il a fallu relever une première fois. Puis une seconde, une troisième… et ainsi de suite depuis dix ans. Chaque année, les étudiants des écoles d’ingénieurs ESME, EPITA et SupBiotech unissent leur cerveau pour porter les couleurs du groupe IONIS dans la plus grande compétition mondiale de biologie de synthèse : l’iGEM.
Créé par le prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT pour les intimes), ce concours rassemble plus de 400 équipes d’étudiants — du lycée au doctorat — originaires des quatre coins du monde. Le but ? Imaginer une solution scientifique aux grands défis du XXIe siècle et la transformer en projet concret.
À l’approche de notre 10e participation, retour sur ces projets qui, année après année, ont donné à iGEM IONIS sa personnalité et sa place au sein de la compétition.

La genèse d’un pari fou
Au départ, il y a un constat simple, celui d’un ADN commun entre l’iGEM et les écoles d’ingénieurs du groupe IONIS. Car si l’ESME, l’EPITA et SupBiotech n’ont pas les mêmes spécialités, elles partagent une même vision : celle de la pédagogie par l’action. Le cœur de cette philosophie ? La conviction qu’apprendre, ce n’est pas juste s’asseoir sur une chaise pour écouter un cours magistral. C’est créer, expérimenter et confronter ses idées à la réalité du terrain. Déceler un problème, en comprendre ses sources, ses tenants et aboutissants pour penser et développer des solutions qui font sens.
L’iGEM, avec son esprit d’open science et son format hors norme mêlant recherches en laboratoires, marketing, études de marchés, levée de fonds et présentation orale, met cette certitude en pratique. Chaque équipe devient une mini start-up scientifique, où les participants apprennent autant à manipuler une pipette qu’à défendre un pitch devant un jury international. Un terrain d’apprentissage grandeur nature, exigeant mais formateur, où se croisent biologie, ingénierie, communication et entrepreneuriat.
C’est dans ce cadre que le pari IONIS iGEM a vu le jour. Le contrat était clair : chaque année, une équipe, un projet, un été pour passer de l’idée au prototype. Aux étudiants, la liberté d’imaginer. Aux écoles, le rôle de les accompagner et de leur donner les moyens de réussir.
9 participations au concours, 9 teams, 9 projets incroyables
S’attaquer à l’épineux sujet de l’antibiorésistance en développant une alternative aux antibiotiques, détecter rapidement les carences en vitamine B12, protéger les vignes des dégâts climatiques grâce à des micro-organismes vivants…
En neuf années, nos étudiants ont eu de la suite dans leurs idées. Participation après participation, ils ont su repousser un peu plus les frontières du possible et les limites de l’innovation. Retour sur trois projets emblématiques qui ont façonné l’histoire d’iGEM IONIS.
The Bio-Console, les aventures de Bactman (2015)
On dit souvent que le plus dur, c’est de commencer. Sans exemples sur lesquels s’appuyer, sans retour d’expérience des personnes ayant vécu de l’intérieur le concours iGEM, toute la mise en place restait à faire. Et tout était à prouver.
Pour marquer les esprits, la toute première équipe IONIS iGEM choisi une approche inattendue : populariser la biologie de synthèse… par le jeu. C’est ainsi qu’est née la Bio-Console.
Le principe est simple : le joueur contrôle en direct une bactérie modifiée, visible grâce à la fluorescence ou à la bioluminescence. Son objectif ? Protéger « BactMan ». Si un rayon lumineux s’approche trop, il déclenche l’ouverture de liposomes remplis de toxines et la bactérie-héros s’éteint. La partie s’arrête : game over.
Un dispositif original pour rendre accessible des mécanismes complexes — optogénétique, microfluidique, biologie moléculaire — à travers une expérience ludique. Et pour aller (encore) plus loin, l’équipe développe en parallèle une application mobile, BactMan Adventures, composée de mini-jeux pour vulgariser la biologie et les règles de sécurité en laboratoire.
Un projet à la fois sérieux et décalé, qui pose d’emblée la signature iGEM IONIS : innover autrement.
StarchLight, quand les déchets deviennent de l’électricité (2022)
Transformer un déchet encombrant en source d’énergie ? Il fallait y penser. L’équipe IONIS fait encore mieux, elle l’a rendu possible.
Le point de départ ? La drêche de brasserie, un résidu massif, produit à des millions de tonnes chaque année et généralement incinéré. Avec StarchLight, elle devient le carburant d’une pile microbienne.
Pour que cela fonctionne, un duo de bactéries. D’un côté, E. coli, chargée de dégrader la drêche et de produire du lactate. De l’autre, Shewanella oneidensis, bactérie électrogénique qui transforme ce lactate en électricité grâce à la libération des électrons. À la clé, une énergie renouvelable, stockable et même contrôlable à la demande grâce à un signal lumineux bleu.
Un projet ingénieux, doublement vertueux — réduire un déchet industriel et produire de l’énergie durable — qui a marqué un tournant dans l’histoire d’iGEM IONIS. Résultat : médaille d’or, prix “Climate Crisis” et une place dans le top 10 mondial.
Cap’ siRNA une arme verte face au jaunissement de la betterave (2024)
Si, pour une grande majorité de la population, le virus du jaunissement de la betterave est inconnu au bataillon, les agriculteurs, eux, savent à quel point il peut être dévastateur.
Transmis par les pucerons, il fait jaunir les feuilles, fragilise les plants et peut faire s’effondrer jusqu’à 90 % d’une récolte. Pas étonnant qu’il soit, chez les producteurs de sucre, une source majeure d’angoisse !
En 2024, l’équipe iGEM IONIS décide de prendre en main cette problématique. Le projet derrière CAP’siRNA ?Utiliser l’interférence ARN — mécanisme naturel de défense des plantes — pour bloquer la réplication du virus directement dans ses cellules. Et pour protéger ces ARN fragiles, l’équipe a l’idée de les encapsider dans des protéines issues de la mosaïque du tabac, capables de les délivrer efficacement au cœur des tissus de la plante.
Résultat : une alternative non OGM, biodégradable et ciblée, pensée pour remplacer les insecticides bannis pour leur toxicité. Un projet agricole innovant, à la fois écologique et durable, qui a marqué l’édition 2024. Et une belle performance à la clé : médaille d’argent, une place dans le top 10 mondial et trois nominations.
Cap sur l’édition 2025 !

Au 1er rang : Maissa Chelghoum, Léo Pariente, Gabin Verdier, Lily-Rose Charnley, Jehlysa Albert, Manon Calamel
Au 2e rang : Manon Perez, Morgane Inthavong, Emma Buzenac, Nora Durand, Agathe Porcheron, Mathilde Job, William Potie
Au 3e rang : Sacha Levy, Julien Decodts, Jeanne Bourgeois, Julien Mercy, Kenly Lujien
L’histoire ne fait que commencer. Pour la dixième participation au concours, les étudiants de l’équipe iGEM IONIS ont décidé de s’attaquer à un fléau qui touche encore des millions de personnes : le choléra.
En effet, dans les régions arides, la maladie reste difficile à éradiquer. Le vaccin existe, mais il est coûteux, dépend d’une chaîne du froid compliquée à maintenir et reste souvent inaccessible aux populations les plus exposées.
La réponse ? Spiky’Mune. L’idée : transformer le figuier de barbarie, un cactus robuste et comestible, en véritable « usine à vaccins ». Grâce à la biologie de synthèse, ses cellules sont modifiées pour produire les protéines vaccinales du choléra. Ces protéines s’accumulent ensuite dans les tissus de la plante, de sorte que la simple consommation de ses fruits ou de ses raquettes équivaut à une vaccination. Pas d’injection, pas de réfrigération, mais une protection simple, locale et adaptée aux réalités du terrain.
Un projet audacieux, scientifique et humanitaire. Une preuve de plus que nos étudiants savent transformer les idées en solutions innovantes concrètes. Et un défi que l’on a déjà hâte de voir défendu sur la scène de l’iGEM !
Et pour que Spiky’Mune prenne racine, chaque soutien compte ! Pour les encourager, direction HelloAsso. Pour suivre leurs aventures, rendez-vous sur Instagram.