SupBiotech Le projet Plantifreeze, coup de cœur du Biomim’Challenge 2022 !

Le projet Plantifreeze, coup de cœur du Biomim’Challenge 2022 !

Chaque année, le secteur viticole français perd près de 2 milliards d’euros à cause du gel tardif. Le réchauffement climatique aggrave la situation. Il est à l’origine d’un développement de plus en plus précoce des bourgeons au printemps qui se retrouvent de ce fait plus exposés aux gelées. C’est pour lutter contre cette problématique que six étudiants de 5e année à Sup’Biotech développent actuellement Plantifreeze, un projet proposant une solution de protection des vignes contre les gelées tardives, respectueuse de l’environnement, qui a remporté le prix coup de cœur du jury lors de la dernière édition du Biomim’Challenge à la fin du mois d’octobre ! Un succès mérité pour ce Sup’Biotech Innovation Project (SBIP) qui ne manque pas d’ambition comme l’explique Clément Benassy (promo 2023), son chef de projet !

Comment a démarré l’aventure Plantifreeze ?

Clément Benassy : Le projet est né d’un constat personnel : en effet, c’est en allant rendre visite à un cousin viticulteur que j’ai pu constater par moi-même le problème des gelées tardives – alors que nous nous baladions dans les vignes, il me montrait des parcelles de son vignoble atteintes par le gel… Alors quand, six mois plus tard, notre promotion de Sup’Biotech a dû démarrer le programme SBIP, j’ai tout de suite repensé à cette visite. Pour moi qui estimait qu’un SBIP se devait avant tout de pouvoir répondre à une problématique concrète, ça me paraissait le sujet idéal : même si les pertes avaient été limitées pour mon cousin, je savais que les gelées tardives pouvaient être bien plus catastrophiques pour d’autres viticulteurs qui, parfois, voyaient l’intégralité de leur domaine en subir les conséquences. Un premier groupe d’étudiants s’est alors constitué pour essayer de chercher des solutions. Durant nos recherches, nous sommes tombés sur des vidéos d’animaux capables de résister au gel et nous avons donc essayé de comprendre comment cela était possible. Nous avons découvert que leur résistance était liée à des protéines et cela a été le point de départ de ce qui allait devenir Plantifreeze par la suite.

Justement, comment se présente votre solution ?

Maintenant que nous avons identifié les protéines antigel qui nous intéressent pour protéger la vigne comme nous le souhaitons, nous allons les produire en grande quantité et les coupler à d’autres molécules également identifiées pour leurs propriétés antigel. Cela nous permettra de développer une solution que nous pourrons, à terme, fournir au viticulteur afin qu’il puisse directement l’épandre sur ses vignes en bourgeonnement juste avant les gelées. La solution formera une couche protectrice qui empêchera les cristaux de glace de se former.

En quoi la solution de Plantifreeze se veut respectueuse de l’environnement ?

Notre solution actuelle est pensée comme écologique dans le sens où nous nous inspirons de la nature pour agir et les protéines que nous utilisons sont biodégradables. De ce fait, la solution n’impactera ni la vigne ni son milieu environnant en risquant de les modifier de manière définitive. Ce mode d’action limite tout impact sur la qualité du raisin et sur la sécurité de l’environnement et évite toute déviance organoleptique sur le vin résultant. Bien entendu, il nous faudra encore mener des tests pour confirmer cette innocuité, mais à la vue de la bibliographie scientifique que nous avons pu consulter, il n’y a pas de problème !

Quel est ton rôle au sein de l’équipe en tant que chef de projet ?

Même si, au début de l’aventure, je faisais beaucoup de Recherche & Développement, aujourd’hui, mon rôle tourne davantage autour de la gestion de projet. Je supervise ainsi tout ce que l’équipe fait de manière générale, que ce soit la direction à prendre en laboratoire, la communication, l’organisation des rendus de l’équipe ou encore la question des présentations… et je tranche, si besoin, quand il faut prendre une décision s’il n’y pas consensus sur tel ou tel sujet.

Obtenir un prix lors du Biomim’Challenge, qu’est-ce que cela représente pour vous ?

Pour nous, ce n’est pas une concrétisation de notre projet, mais c’est plutôt une forme de confirmation que ce que nous faisons depuis plusieurs années a du sens. Cela nous montre que nous ne travaillons pas dans le vide et que notre projet a du sens et de l’avenir ! C’est d’autant plus important pour nous car nous souhaitons continuer le projet après Sup’Biotech. En effet, à un moment donné, il faut se poser les bonnes questions. Est-ce que c’est viable ? Est-ce qu’il y a des gens qui peuvent nous suivre dans l’aventure ? Voir Plantifreeze remporter un prix lors d’un tel concours, avec un jury composé de différents professionnels, c’est réaliser que d’autres personnes que nous croient également en ce projet. Cette récompense a donc renforcé notre motivation. La dotation de 400 euros qui accompagne ce prix va d’ailleurs, à moindre mesure, nous soulager d’un point de vue R&D car, pour l’instant, c’est uniquement Sup’Biotech qui finance la réalisation de notre preuve de concept. Or, nous savons que nous allons avoir besoin d’aide et de financements externes à l’école d’ici peu. C’est aussi pour cela que nous cherchons à faire incuber Plantifreeze au sein du programme Shaker du Genopole, ce qui pourrait nous fournir un accès à des laboratoires après la fin du cursus à Sup’Biotech. Durant le Biomim’Challenge, nous avons aussi pu rencontrer plusieurs personnes intéressées par la solution, dont une qui a justement des contacts dans le secteur viticole en Savoie, région particulièrement touchée par la problématique des gelées tardives. Enfin, ce prix représente également un gain de visibilité qui nous sera utile pour la suite, notamment quand il faudra chercher de potentiels investisseurs. Montrer à son interlocuteur que l’on a déjà remporté un concours, ça aide à légitimer sa démarche.

Si je suis intéressé par Plantifreeze, comment puis-je suivre l’évolution du projet ou, tout simplement, contacter l’équipe ?

Nous avons créé un compte Instagram et une page Linkedin pour Plantifreeze : vous pouvez donc nous contacter via ces réseaux sociaux ou simplement m’envoyer un mail ! En parlant de contacts, nous sommes pour le moment surtout intéressés par les comités interprofessionnels des vins car ils regroupent de nombreux acteurs touchés par ce problème. Nous sommes actuellement en train de les contacter et espérons vivement échanger avec eux pour la suite du projet.